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Lucius Shepard : Aztechs

Aztechs.jpgGrand voyageur et véritable aventurier, Lucius Shepard est un outsider de la SF. Contemporain de Philip K. Dick, son oeuvre méconnue et mésestimée vaut pourtant largement le maître (du haut chateau) suscité. Passionné d'ethnologie et de cultures exotiques, à l'instard de Azteca, de Gary Jennings, Sheppard surf sur les tendances superstitieuses modernes et les mythologies ancestrales de l'humanité. Sa SF moite teintée de fantastique côtoie souvent le chef-d'oeuvre de très très près. C'est le cas du roman "Ballardien", La vie en temps de guerre et des Yeux électriques, un livre plébiscité en 1986 par les Sonic Youth sur les notes de pochette de leur album Sister. Son parcours personnel l'amène à s'intéresser au vaudou, à la sorcellerie, au paranormal, autant qu'à la science et son cortège de technologie. Cet aspect de son oeuvre, à cheval entre tradition et modernité, est parfaitement illustré par Aztechs, ce recueil de nouvelles à la science-fiction "globale".

De l'évocation poético-fantastique d'un phénomène de hantise autour du ground zéro, à new york ("La Présence"), à celle d'une histoire d'amour impossible entre un jeune cadre de la mafia moscovite et une prostitué chaperonnée par un inquiétant caïd local au service de forces qui le dépassent ("L'éternité et après"), en passant par une ballade (de l'impossible) dans un Zaïre totalitaire et hanté par les forces obscures qui animaient déjà le fameux "Au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad ("Le rocher au crocodile"), Lucius Shepard ne tombe jamais dans la facilité d'une science-fiction/fantastique de carton-pâte.

Il emmène le lecteur dans des contrées inconnues, celles de sa psyché un peu torturée, naviguant dans les eaux troubles du rêve, du fantasme et des terreurs anciennes et oubliées. Ici le désert abritent de dangereuses technologies dopées par une IA renégate ("Aztechs"), la forêt pluviale cache l'arbre de la superstition. Au contraire de chez Dick, la réalité est souvent prosaïque, mais c'est notre monde sur-technologique qui déforme tout, quand ce n'est pas la magie ancienne, cette autre forme de science, qui prend le pas sur le reste. Comme le disait l'écrivain Arthur C. Clarke : "Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie", une sentence que Shepard semble indéniablement avoir fait sienne.

Espérons que cette modeste chronique et la remise en rayon d'Aztechs, accompagné du bandeau "Grand Prix de l'Imaginaire 2007" rendra hommage à cet excellent livre et à son auteur. A noter que le courageux Bélial prépare envers et contre tous (oui, "tous") la sortie de Louisiana Breakdown, un roman inédit au titre qui fleure bon le bayou et le vaudou, pour septembre prochain.

Lucius Shepard - Aztechs 504 pages
J'ai Lu (07/03/2008)

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