Après Preacher et ses 66 numéros d’irréligieuses boucheries, éviscérations, incestes, énucléations, émasculations, tronçonnages, viols, tortures et autres délicatesses, on croyait avoir tout vu avec Garth Ennis. Nous étions en 2000 et nous avions tort. Il pouvait bien pire.
En 2001, l’irlandais fou revient avec son complice Carlos Ezquerra aux dessins pour l’abominable Just A Pilgrim.
Dans un futur indéterminé, la prédiction des scientifiques s’est accomplie. Le soleil en fin de vie a commencé une période d’expansion brutale, dévorant Mercure et Venus, provoquant le cataclysme qui est resté sous le nom de La Brûlure. Tout la surface du globe a été carbonisée, les océans se sont évaporés. Ce qui reste de l’humanité, les rescapés protégés au moment de la Brûlure, erre sur une planète dévastée, parcourant les grandes plaines océaniques désormais à nues en quêtes des dernières zones habitables. Un groupe de colons vient de quitter les Féroés et cherche à passer la Grande Dorsale Atlantique. Hélas pour eux, les voilà en plein territoire du sanguinaire Castenado, sanguinaire seigneur de la guerre de ce nouveau Far West. Les colons sur le point d’être massacrés par les hordes de Castenado ne doivent d’en réchapper qu’à l’intervention d’un mystérieux personnage, le Pèlerin.
Mais bien vite, il apparaît que le sauveur est un bien étrange personnage, abominablement violent et cynique, en conversation avec Dieu, citant des extraits des textes sacrés en même temps qu’il explose les cervelles au calibre 44. Et si ça ne suffisait pas, le Pèlerin cache un passé plus que glauque et ses motivations dans l’accomplissement de Son œuvre pourrait en refroidir plus d’un.
Le personnage du Pèlerin n’est pas sans rappeler le Saint des Tueurs de Preacher et on retrouve beaucoup des gimmick d’écriture de Ennis (le poissard absolu et tête de turc du destin, personnage récurrent dans son œuvre). Just A Pilgrim, c’est Mad Max meet Preacher meet Rob Zombi (version réalisateur). Question originalité, on repassera mais question inventivité dans l’horreur, difficile de faire mieux (ou pire c’est selon).
Niveau graphique, Carlos Ezquerra s’en sort honorablement et sert le récit correctement sans plus. Je n’ai jamais été fan de son boulot (sur Bloody Mary déjà avec Ennis), on a un peu l’impression d’un Darrick Robertson du pauvre.
On ne ressort pas indemne de cette lecture, autant le dire franchement. La brutalité de certains passages peut franchement vous amener la nausée. Là où Preacher jouait la carte de l’humour ou du machisme sudiste, rien ne vous sauve de l’horreur glauque de Just A Pilgrim.
Remarquablement écrit, mené tambour battant, bourré d’idées novatrices sur un sujet plus que rebattu, outrancier comme il se doit pour du Ennis, Just A Pilgrim n’est pas à mettre en toutes les mains.
Scénario : Garth Ennis
Dessins et encrage : Carlos Ezquerra
Parution initiale en 5 numéros de mai à septembre 2001 aux USA chez Black Bull.
Edition française compilé en un volume en février 2002 chez Semic.
Just A Pilgrim - Vol.1
Garth Ennis/Carlos Ezquerra